NomJacques Goulet
OccupationMaître Meunier De Noel Juchereau, Sieur Des Chatelets
Baptême17 avr 1615, Normandel27
Décès26 nov 1688, L'Ange Gardien
Naissance17 avr 1615, St-Firmin de Normandel, ev. Chartres28
Sépulture28 nov 1688, L'Ange Gardien
PèreThomas Goulet (-1652)
Conjoint(e)s
Décèsapr 20 jul 1692
Naissanceca 163029
PèreJean Mullier
MèreCatherine Chauvin
Mariage21 nov 1645, St-Pierre De La Poterie6
EnfantsGeneviève (1646-1646)
 Nicolas (1647-1721)
 Jacques (1649-<1666)
 René (1650-1717)
 Louis (1653-ca1683)
 Charles (ca1656-1717)
 Thomas (1661-1729)
 François (1664-)
 Antoine (1666-)
 Joseph (1669-)
 Marguerite (1675-<1681)
Notes pour Jacques Goulet

- Demi-frère de Louise m René Letartre, cousin germain d’Aubin Lambert;
- aux rec. 66 et 67, à Beaupré;
- au rec. 81, à Château-Richer?; 1 fusil; 5 bêtes à cornes; 1 cheval; 30 arpents en valeur.
- Noel Juchereau, Sieur Des Chatelets, licensié en loi, membre du Conseil et commis-général pour la compagnie, décédé lors d’un voyage en France, en 1649, sans laisser de postérité.
- Voir dossier: LES TERRES DE L'ANGE-GARDIEN, GARIÉPY Raymond,
Du Sault de Montmorency à la Rivière du Petit Pré ou Lotinville, des origines à nos jours.
Société de Généalogie de Québec, contribution no. 44, juillet 1984.
Langlois, Michel
GOULET Jacques (1615-1688)30
Dictionnaire biographique des ancêtres québécois, Michel Langlois

Baptisé le vendredi 17 avril 1615, à Normandel près de Mortagne au Perche, (Orne), fils de Thomas Goulet et d’Antoinette Feillard, il épouse à Saint-Pierre de La Poterie, le mardi 21 novembre 1645, Marguerite Mullier, fille de (Jehan) Mullier et de (Marguerite) Chauvin, de Saint-Pierre de La Poterie, au Perche. De leur union naissent douze enfants.

II arrive au pays en 1646 avec son épouse. II vient y travailler comme meunier du sieur Noël Juchereau Deschâtelets. Ce dernier étant décédé, le notaire Audouart procède à son inventaire de biens le 7 octobre 1649. On y apprend que le sieur Deschâtelets lui doit encore 120 livres pour sa dernière année d’engagement. II habite à Québec en 1649. Mathurin Goyer lui doit, le 16 mai, la somme de 52 livres et 10 sols pour un fusil et un manteau ou marteau.

Le sieur Charles Legardeur de Tilly lui cède une terre d’un arpent et demi de front et en profondeur jusqu’à la Grande-Allée, le 4 décembre 1651. Après quatre années à Sillery, il quitte définitivement cet endroit pour aller se fixer sur une terre de L’Ange-Gardien sur la Côte de Beaupré en 1655. Il donne procuration à Nicolas Gaudry, le 18 octobre 1655, de vendre sa terre de Sillery. Ce dernier, la vend à Simon Legendre, le 26 décembre suivant, pour 200 livres. Il a acheté de Louis de Lauzon, à une date indéterminée, une terre de six arpents de front, près de la Rivière-aux-Chiens à Château-Richer. Il la vend, le 30 novembre 1656, à Jacques Dodier et à Pierre Pointel, au prix de 850 livres. Ces derniers la lui remettent le 4 mars 1657. En compensation, Pointel promet de lui abattre deux arpents de bois et de le débiter en longueur de huit à dix pieds et de travailler pour lui durant un mois au temps des semences.

Olivier Le Tardif lui concède une terre de trois arpents de front à l’Ange-Gardien, le 30 mai 1658. Le 21 juin suivant, il donne quittance finale à Jean Juchereau de Maure pour toutes les affaires qu’ils ont eues ensemble. Il est confirmé a Château-Richer le 2 février 1660. Au recensement de 1667, il réside à l’Ange-Gardien et possède cinq bêtes à cornes, et quinze arpents de terre en valeur. Le 29 avril 1668, il vend une terre de deux arpents de front par une lieue et demie de profondeur à Château-Richer, au prix de 150 livres. Il l’a obtenue d’Aubin Lambert dit Champagne en échange d’une terre qu’il possède à Cap-Rouge. Ils officialisent cet échange après coup, par un acte du 1 septembre 1669. Michel Esnault lui vend, le 13 avril 1671, une terre de deux arpents de front à l’Ange-Gardien, moyennant 480 livres payables à Guillemette Hébert. Il la remet cependant à la dame Hébert en 1672. Monseigneur de Laval lui loue les deux moulins à farine de Château-Richer à compter du 8 juillet 1673, jusqu’à pareille date en 1676. Il constitue une rente annuelle de 30 livres envers Charles Aubert de La Chesnaye le 4 avril 1680. Ce dernier lui prête 600 livres. II contracte une obligation de 559 livres et 16 sols envers Jean Mathieu, le 24 mars 1681, et une autre de 125 livres envers le marchand Charles de Couagne de Montréal, le 11 novembre suivant. Au recensement de 1681, il possède un fusil, cinq bêtes à cornes, un cheval et trente arpents de terre en valeur. Il est toujours en compte avec le Séminaire de Québec en 1681.

Il décède à l’Ange-Gardien, le vendredi 26 novembre 1688, et y est inhumé le dimanche 28 novembre suivant.

ANQ GN Bermen 16-05-1649;
Audouart 07-10-1649; 4-12-l65l; 26-12-1655; 30-11-1656; 04-03-1657; 21-06-1658;
Auber l8-10-1655 (perdu); 30-05-1658; 29-04-1668;
Duquet 04-04-1680;
Vachon 24-3-1681;
Becquet 01-09-1669; 13-4-1671; 11-11-1681.
AAQRC 02-02-1660. ASQ C.2, p.89-92.
Langlois Michel, MM (ouvrage inédit).
Lefebvre Jean-Jacques, MSGCF Vol. 19, p. 141.
Montagne Pierre Mme, MSGCF vo1. 32, 1981, p.178.
Lebel, Gérard
JACQUES GOULET31
Publié en mai 1986 dans la Revue Ste-Anne-de-Beaupré
Nos ancêtres vol. 11 : Biographies par Gérard Lebel

Les gens de Caraquet, au Nouveau-Brunswick, appellent goulet l’entrée étroite d’un petit port ou d’une rade. Les ascendants de l’ancêtre Jacques Goulet avaient vécu loin des horizons maritimes. Ils étaient percherons.

Ancien pays de France, le Perche comprend une région naturelle, homogène, coincée entre la Normandie, le Maine et la Beauce. Ses villes principales sont Nogent-le-Rotrou avec son château et Mortagne. Plusieurs fois morcelé au cours de son histoire, le Perche en vint à perdre son titre de province. Réuni au Maine, il formait l’un des trente-trois gouvernements de la France, auquel on donnait parfois le nom de Maine-et-Perche avec Mortagne comme capitale. Même au point de vue ecclésiastique, il fut démembré au profit des diocèses de Chartres, du Mans et de Seez.

Jacques Goulet reçut le baptême le 17 avril 1615, à Normandel, aujourd’hui dans le département de l’Orne, arrondissement de Mortagne-au-Perche, commune de Tourouvre. Le curé Laurent du Fay fut à la fois le ministre de son baptême et son parrain. Tante Marguerite Feillard l’accompagnait comme marraine.

Fils de meunier

Thomas, père de l’ancêtre Jacques Goulet, se fiança à Antoinette Feillard le 28 avril 1613, en l’église de Normandel et s’unit à sa bien-aimée le 3 août de la même année. Antoinette, fille de David Feillard et de Mathurine Navarre, suivit son mari à la Gaufferrerie, autre secteur de Nor-mandel. Thomas exerce le métier de meunier. Pour faire plaisir à son épouse, bonne couturière, il lui achète pour dix livres dix sols de drap blanc et de drap de bure. Le 6 avril 1615, il obtient un cheval à poil gris pour la somme de 25 livres, de Robert Giguère, un parent de l’ancêtre canadien du même nom.

L’aîné Jacques Goulet connut la joie de recevoir deux petites sœurs : Louise, le 17 Janvier 1619, et Yvonne, le 25 mai 1622. Jacques devint orphelin assez jeune. Antoinette Feillard décéda entre 1622 et 1627, c’est tout ce que nous pouvons affirmer de plus précis. Thomas Goulet se remaria avec Marie Chalumel. À la Ste-Anne 1628, le nouveau couple présenta aux enfants du premier lit une demi-sœur Louise ; puis, en 1632, Marie ; en 1638, Marguerite.

Dix-sept ans après la première mention de Thomas Goulet comme meunier, un acte devant le notaire Lullier dressé à Randonnay en 1634 affirme qu’il l’est toujours, cette fois à la paroisse de Lhôme, ou Noël Juchereau des Chatelets possède une ferme. Notez bien ce détail. En 1648, Thomas pratique toujours le même métier. Lorsque Marie Chalumel fut inhumée le 29 septembre 1652 et, quelque temps après, Thomas Goulet, il y avait plusieurs années que Jacques Goulet était au Canada.

Pour Noë1 Juchereau

Jacques Goulet épousa une citoyenne de son patelin Marguerite Mulier, fille de Jean et de Cathe-rine Chauvin, le 21 novembre 1645, à St-Pierre de LaPoterie. Au printemps suivant, Jacques, 31 ans, et sa jeune épouse laissèrent les amis, la parenté, le pays, pour répondre à l'invitation de Noël Juchereau, promu à cette époque-là < commis général pour tous les achats > faits par le roi au nom de la Nouvelle-France. Jacques Goulet était déjà l’engagé de Noël Juchereau comme meunier de sa ferme Les Châtelets, à Lhôme, depuis 1645.

Le 28 octobre 1646, à Québec, naissait Genevieve Goulet. Charles Giffard et Geneviève Juchereau de Maure la tinrent sur les fonts baptismaux devant Barthélemy Vimont, S.J. Hélas ce premier espoir de vie nouvelle devint un premier deuil Goulet au Nouveau Monde. Geneviève fut inhumée le 14 décembre suivant.

Jacques continue de travailler pour Juchereau. Noël retourne en France pour exposer les problèmes de la colonie. Il décède en 1648. Le 7 octobre 1649 le notaire Audouart dresse 1’inventaire de ses biens laissés à Québec. C’est ici qu’apparaît Jacques Goulet : < Il est dû six vingt livres à Jacques Goulet >. Son maître étant absent pour toujours, Jacques devait trouver son pain ailleurs.

Seigneurie Saint-Michel

Surprise ! < Le l6 juillet 1649, Mathurin Goyer reconnaît une dette de 52 livres, 10 sols, pour un fusil et un marteau qu’il a reçu de Goulet, en présence de Vincent Verreault et de Louis Goulet >. Même Marcel Trudel n’a pu identifier ces deux personnages. Louis Goulet, un parent de Jacques ?

Le 4 décembre 1651, Jacques obtient un emplacement d’un demi-arpent, dans l’anse Saint-Michel, tout près de Sillery vis-à-vis la terre qu’on lui a concédée sur la falaise. Cet emplacement et la terre Goulet d’un arpent et demi de front avec une profondeur allant jusqu’à la Grande-Allée, obtenus de Charles Legardeur de Tilly, devinrent la propriété de Simon Legendre, le 26 décembre 1655, pour la somme de deux cents livres.

Où donc les Goulet passeront-ils l’hiver ? Sans doute, près de Sillery ? Il est difficile de les suivre à la trace.

Château-Richer

Jacques Goulet possédait une belle terre à Château-Richer, sise entre celles de Jean Gagnon et de Robert Drouin. Le 30 novembre 1656, il revend ses six arpents de front aux associés Jacques Dodier et Pierre Pointel. Dès le 4 mars 1657, Dodier remet le tout à Goulet qui le refile à Lauzon de La Citière, moyennant la jolie somme de 850 livres, une fortune à l’époque. De plus, Pointel, l’instable, s’engage à abattre pour le compte de Jacques Goulet et à débiter deux arpents de bois de huit à dix pieds en longueur, sans parler d’un autre mois de travail, soit du 20 avril au 20 mai, en retour d’un salaire de vingt livres. La famille Goulet demeura peut-être à cet endroit jusqu’au 2 avril 1658, jour où Nicolas Quentin se porta acquéreur de ce domaine.
Jacques Goulet acquit plus tard une autre terre à Château-Richer, celle d’Aubin Lambert dit Champagne, le premier septembre 1669. C’était un échange avec la terre qu’il possédait par hé-ritage < en la coste du Cap Rouge >, dans la seigneurie de Maure. Ce dernier contrat servait à clarifier une situation de fait, puisque le 29 avril 1668 cette seconde terre de Château-Richer avait déjà été vendue à Charles Lefrançois pour la somme de 350 livres, devant le témoin François Ga-riépy.

Ange-Gardien

Olivier Le Tardif vivait à L’Ange-Gardien comme seigneur et juge de la Côte de Beaupré. Le 30 mai 1658, il donne aux Goulet la terre de son fils Pierre, décédé prématurément. Cette ferme possédait trois arpents de front sur le fleuve St-Laurent, proche du ruisseau des Orignaux. Goulet paiera trois livres annuelles de rente, trois sols de cens, en plus du beau chapon vivant. Les voisins sont René Maheu dit Point-du-Jour et le seigneur Olivier Le Tardif. C’est de cet endroit que désormais toute l’activité de Jacques Goulet et de son épouse se déploiera pendant plus d’un quart de siècle.

En 1666, François Labattier travaille pour Jacques comme domestique engagé. Le recensement de 1667 attribue à Goulet cinq bêtes à cornes et quinze arpents en culture. Ses voisins se nomment Robert Laberge et Pierre Gendreau dit La Poussière. En 1681, Jacques a doublé sa superficie de terre en culture. Ses enfants ont grandi et il a vieilli. Il possède un fusil et un cheval, en plus de ses cinq animaux domestiques. En ce temps-là, il n’y avait que quatre-vingt-seize chevaux dans toute la colonie. René Letarte. époux de la sœur de Jacques Goulet, Louise, possédait une jument.

Samedi 18 octobre 1664, la messe était célébrée dans la maison de Jean Trudel, à L’Ange-Gardien, au Caput, suivie de l’élection de trois marguilliers. Jacques fut élu premier marguillier.

Jacques Goulet, en 1671, devait à Bertrand Chesnay la somme de 687 livres environ. Deux vaches de Bertrand étaient à loyer chez Jacques. L’année suivante, Chesnay fit effectuer une saisie des biens de Jacques Goulet, laissés à la garde de Pierre Gendreau. Le sieur de Lotinville réclamait encore, le 2 mars 1674, le paiement de 687 livres, 18 sols, 1 denier, ou les intérêts. Le 4 avril 1680, Jacques hypothèque sa ferme et promet payer une rente annuelle de 30 livres sur une somme encore due de 600 livres. Selon l’historien Raymond Gariepy, Jacques passait, le 24 mars 1681, une obligation en faveur de Jean Mathieu, pour 559 livres, 16 sols. Et le 11 novembre de la même année, il en passait une autre à Charles de Couagne, marchand de Montréal, pour 125 livres restant de plus grande somme.

Le livre des comptes du Séminaire de Québec révèle que Jacques Goulet fut meunier des moulins de la seigneurie de Beaupré, le moulin-à-vent du village de Château-Richer et le moulin à eau du Sault à la Puce, de 1673 à 1676, et pour celui de Petit Pré jusqu’en 1682, au moins.

Telle est l’image qui nous reste de Jacques Goulet, un colon entreprenant, déluré, honnête, mais qui n’a pas peur du crédit.

Douze frangins et frangines
La famille Goulet se compose de dix garçons et deux filles : Geneviève, Nicolas, Jacques, René, Louis, Charles, Jacques, Thomas, François, Antoine, Joseph et Marguerite. Hélas ! Marguerite, la cadette née le 27 juin 1675, suivit l’exemple de l’aînée Geneviève. Elle décéda au berceau, semble-t-il. L’espérance de vie des deux Jacques se prolongea pour le premier pendant deux ans : pour le second, une dizaine d’années, peut-être. Les archives sont muettes. Quant à François, filleul de François Bélanger le 15 janvier 1664 à Château-Richer, nous perdons sa trace après 1719. Il serait resté célibataire.
Le premier enfant de la seconde génération à suivre et à faire souche fut Nicolas Goulet, filleul de Nicolas Juchereau le 15 décembre 1647 à Québec, l’époux de Sainte Cloutier le 24 décembre 1672 à Château-Richer, le père de sept enfants dont quatre embrasseront l’état du mariage. Nicolas décéda à Saint-Pierre, Île d’Orléans, le 24 août 1721. Il posséda la première maison de pierre de l’île.
René, fils, baptisé à Sillery le 27 octobre 1650, deuxième des garçons, fut le premier à se marier en Nouvelle-France. II prit comme épouse Catherine Leroux, fille de défunt Henri et d’Isabelle Charton, le 29 octobre 1671, à Château-Richer. Cette fille du roi avait d’abord passé un contrat de mariage avec le frère de son futur, Nicolas Goulet, le 3 septembre 1670. Elle apportait des biens d’une valeur de huit cents livres. Leur union fut récompensée par l’arrivée de cinq petites filles. Catherine, après plusieurs bouffées d’ennui, se permit un voyage en France vers 1680. Son mari emprunta huit cents livres de René Mathieu le 15 avril 1681, < avant son départ pour la France >. René Goulet réussit à convaincre son épouse de revenir au Canada, la même année. Leur premier enfant naquit à Lachenaie, en 1691.

L’ancêtre Louis Houde fut parrain de Louis, le 28 août 1653, à Sillery. Louis Goulet prit comme compagne Marie Godin, fille de Charles et de Marie Boucher. Cet amour fut éphémère. Un enfant posthume, futur époux de Thérèse Rousseau, Louis, naquit le 26 août 1683. La veuve convola avec Pierre Denis dit Lapierre, le 8 octobre 1687, et devint mère de neuf nouveaux rejetons. Thomas, baptisé à Château-Richer le 2 avril 1661, porta le prénom de son grand-père paternel. Son épouse, 25 octobre 1683, M. Marguerite-Louise Pancatelin, fille de défunt Marcel et de Marie Marcadet, vint au pays comme fille à marier, semble-t-il. Elle donna sept filles et trois garçons à son mari. Le couple quitta la Côte de Beaupré. Leur dernier-né reçut le baptême, à l’île Jésus.

La famille la plus considérable appartient à Charles, compagnon de vie de M.-Anne Rancin, fille de Charles et de Marie Confians, le 12 novembre 1686. Elle eut quatorze invités au banquet de la vie. Trois de leurs garçons s’engagèrent pour l’Ouest en juin 1728. Charles Goulet fut inhumé, à Repentigny, le 10 novembre 1717. Le filleul d’Antoine Gadoury, Antoine devint le 19 février 1692 l’époux de M.-Madeleine Guyon, fille de Joseph et de Geneviève Cloutier. Ils élevèrent leurs onze enfants à L’Ange-Gardien. La même année, 20 juillet 1692, le plus jeune des garçons, Joseph obtint la main d’Anne Julien dont les parents étaient Jean Julien et Madeleine Guerin. Leurs neuf rejetons grandirent à L’Ange-Gardien. Durant sa jeunesse, soit le 31 juillet 1688, Joseph s’était engagé comme coureur des bois vers l’Ouest.

Tel est en bref le bilan de vie très positif de la seconde génération Goulet au Canada.

Dernier inventaire
Le 26 novembre 1688, l’ancêtre Goulet tomba à la renverse comme un chêne bousculé par le vent de la vie. On le coucha dans le cimetière de L’Ange-Gardien, deux jours plus tard, devant son beau-frère René Letartre et Mathurin Huot. Marguerite Mulier lui survécut l’espace de quatre ans environ. Elle manifesta encore sa présence aux noces de Joseph, le 20 juillet 1692. À la fin de janvier 1694, c’est l’inventaire des biens Goulet évalués pêle-mêle : 1 charrue, plus de 700 gerbes de blé, 1 cavale et son poulain, 2 bœufs, 3 vaches, 2 taureaux, 3 veaux, 3 porcs, 3 gorets, 9 poulets, 1 coq, 1 maison de pierre, 1 grange, 1 étable, 33 arpents de défrichés, etc. Les biens matériels laissés par les parents aux descendants ne sont rien à côté des principes de vie transmis aux générations montantes. Les Goulet possédaient l’esprit de travail, le goût du risque calculé, le respect de la vérité et de la justice.

Les fils de Thomas Goulet furent les premiers à obtenir des concessions sur le territoire de L’Assomption, vers 1718.

Quatre patriotes ont marqué l’histoire de L’Ouest canadien. L’Honorable Roger Goulet, né en 1834, filleul et protégé de Mgr Provencher, métis français, fut arpenteur, juge de district et membre du Conseil de l’Assiniboia. L’Honorable Maxime Goulet, le 18 décembre 1878, devint député de St-Vital à la législature du Manitoba, puis ministre de l’agriculture. De 1869 à 1870, le Lieutenant-Général du Gouvernement Provisoire de la Rivière-Rouge se nommait Georges Goulet. Le plus célèbre des Goulet de la Rivière-Rouge fut Elzéar Goulet. Il fit partie du conseil de guerre qui condamna Thomas Scott, en 1870. Homme parfaitement honorable, il fut quand même poursuivi par l’armée d’occupation. < Ayant dû se mettre à l’eau pour sauver sa vie, il fut atteint d’une pierre pendant qu’il se dirigeait à la nage du côté de St-Boniface et, étourdi par le coup, il se noya >, le 13 septembre 1870. Elzéar était le frère de l’Honorable Roger et fils d’Alexis Goulet et de Josephte Siveright. Tous ces Goulet descendaient des voyageurs canadiens venus dans l’Ouest au temps de La Vérendrye.

En 1646, Jacques Goulet apportait une flûte dans ses bagages. Cet instrument de musique a été conservé pieusement dans la famille, jusqu’à nos jours. Il a appartenu à Alexis Goulet et à Maxime Goulet ci-haut mentionnés. En 1934, M. Robert Goulet, de Winnipeg, artiste et compositeur de la < Gigue de la Rivière-Rouge >, la conservait jalousement. Avant la première guerre mondiale, la flûte devint muette. Quelqu’un pensa de l’hydrater en la passant à la vapeur. Le miracle se produisit ; elle résonna de nouveau. Ainsi en est-il de notre histoire. Pour en recevoir les leçons, il faut l’étudier avec amour.
Prévost, Robert

LES GOULET SONT D’AUTHENTIQUE MOUTURE PERCHERONNE
32
Publié le 21 septembre 1991 dans La Presse
et dans < Portraits de familles pionnières > par Robert Prévost

Nos Goulet, comme tant de familles québécoises, sont de mouture percheronne, et ce terme ne saurait mieux leur convenir, car Jacques, leur premier ancêtre venu du vieux pays, et son père, Thomas, étaient meuniers.

Thomas Goulet avait epousé Antoinette Feillard à Normandel en 1613. Le 17 avril 1615, ils présentaient leur premier enfant au baptême, Jacques. Au cours des mois suivants, le couple se fixa sans doute au bourg voisin de La Poterie, car c’est là que naquirent leurs deuxième et troisième enfants, Louise (1619) et Yvonne (1622). Devenu veuf, le meunier contracta un second mariage avec Marie Chalumel et devint père d’une seconde Louise, baptisée en 1628. On devine que tous les paysans de la région connaissaient Thomas Goulet, car en plus d’exercer le métier de meunier, il etait collecteur de la taille, ce qui n’était peut-être pas de ... taille à le rendre automatiquement sympathique !

À 1’âge de 30 ans, le fils, Jacques, fonde un foyer : il épouse, à La Poterie, Marguerite Maillier (ou Mulier). Nous sommes en 1645, et c’est probablement en vue d’un départ pour la lointaine Nouvelle-France que le mariage a lieu, car c’est l’année suivante, semble-t-i1, que le couple s’embarqua.

Jacques figure sans doute au nombre des laboureurs et des artisans que recruta Noël Juchereau, sieur des Châtelets. Le couple eut 12 enfants, dont cinq moururent en bas âge ou sans contracter mariage. Les sept autres étaient tous des fils ! On a une bonne idée de leur progéniture en tenant compte des données incomplètes des dictionnaires généalogiques ; nous notons entre parenthèses 1’année du mariage :

1- René-Catherine Leroux (1670) — 5 enfants, des filles.
2- Nicolas-Sainte Cloutier (1672) — 7 enfants dont 4 fils ; deux de ceux-ci fondèrent des foyers : Jean avec Marguerite Blouard, 7 enfants ; Louis avec Marie-Anne Quentin, 8 enfants.
3- Louis-Marie Godin (1682) — 1 fils, Louis, qui épousa Thérèse Roussin ; sans postérité...
4- Charles-Marie-Anne Rancin (1686) — 14 enfants, dont quatre décédés en bas âge, 3 filles et 7 fils, dont au moins 3 se marièrent : Joseph avec Marie-Madeleine Chevalier, 5 enfants ; Louis avec Françoise Charlotte Langlois, 6 enfants ; et Augustin avec Marguerite Bertrand, postérité inconnue.
5- Thomas-Marie Marguerite Louise Pancatelin (1683) — 10 enfants, dont 3 fils ; 2 fondèrent des foyers : René avec Catherine Rivière, 6 enfants ; Ignace avec Marie-Barbe Ducongé, 6 enfants également.
6- Antoine-Marie-Madeleine Guyon (1692) — 11 enfants dont 3 fils ; 2 se marièrent : Joseph à Geneviève Raté, 6 enfants ; Jacques, à Marie-Anne Letartre, puis à Marie-Josephe Lenormand, 8 enfants.
7- Joseph-Anne Julien (1692) — 9 enfants dont 5 fils ; 3 se marièrent : François avec Marie-Madeleine Bédard, 12 enfants ; Louis avec Marie-Josephe Huet, 6 enfants ; Antoine avec Marie-Angélique Laberge, 7 enfants.

Même si, encore une fois, ce relevé ne saurait être exhaustif — les Goulets friands de généalogie ont sans doute complété les ouvrages parus à ce jour, il démontre que l’ancêtre Jacques Goulet eut plus d’une vingtaine de petits-fils, dont plusieurs devaient contribuer généreusement à répandre le patronyme.

Dans l’église de La Poterie-au-Perche, une inscription a été érigée à la mémoire de Jacques Goulet et de sa demi-sœur, Louise, même si le premier est né à Normandel, car c’est de La Poterie qu’ils partirent pour la Nouvelle-France.

À l’ouest de Versailles, on aborde la N. 12, qui conduit à Dreux, puis à Verneuil-sur-Avre. De là, il ne reste que 24 km pour atteindre le carrefour Sainte-Anne ; à 3,50 km en-deçà de celui-ci se présente, sur la droite, la D 378 qui touche tout de suite à La Poterie-au-Perche. C'est une minuscule commune de quelque 150 habitants ; d’agréables statues ornent son église, dont une belle Vierge à 1’Enfant du XVIe siècle, en pierre polychrome, devant laquelle se sont sûrement recueillis Jacques et Louise Goulet. Une inscription y rappelle leur souvenir.

Depuis La Poterie, une toute petite route conduit à Normandel (environ 3 km), que l’on peut aussi atteindre à partir de St-Maurice-lès-Charencey, sur la N 12, par la D 278. L'église, néo-gothique, se distingue par une statuaire remarquable du XVIe siècle. Ses chapelles possèdent des bas-reliefs calcaires de style Renaissance.

Jacques Goulet fut un pionnier de la côte de Beaupré. Lors du recensement de 1666, il y habite avec sa femme et le couple, qui a déjà sept enfants, a un domestique, François Labattier. Quand le recenseur repasse, l’année suivante, le petit Antoine est né. La famille a 15 arpents de terre en valeur et possède cinq bêtes à cornes.

En 1681, l’ancêtre exploite toujours sa terre ; il met maintenant 30 arpents en valeur, possède encore cinq bêtes à cornes, mais un cheval s’est ajouté dans l’étable. Deux de ses fils se sont établis sur leurs propres concessions : Nicolas et Sainte Cloutier élèvent déjà trois enfants, cultivent 60 arpents avec l’aide d’un domestique et ont un troupeau de 15 têtes. Quant à René, il semble que sa femme n’habite plus avec lui ; il se déclare charron et vit avec leurs deux fillettes, Marguerite et Catherine ; il cultive huit arpents. Le couple aura trois autres filles.

Les Goulet ont figuré au nombre des pionniers de L’Ange-Gardien, mais, vous demanderez-vous, qu’est devenue la demi-soeur de Jacques, Louise? Elle a le même titre à la reconnaissance des généalogistes. Vers 1654, à La Poterie, elle avait épousé un jeune homme du bourg, René Letartre. Le couple eut quatre enfants, puis vint rejoindre Jacques au Canada. Il avait fallu une vingtaine d’années à Louise pour suivre l’exemple de son demi-frère. Même aux âmes bien nées, la valeur attend parfois le nombre des années !

Un petit-fils de ce couple, René Letartre, épousa Anne Garneau, à L’Ange-Gardien, en 1706. De cette union naquirent six enfants, dont Jean-Baptiste qui, en 1743, à Lanoraie, fonda une farnille avec Marie-Jeanne Perrault. Ce sont les ancêtres, en ligne directe, d’Israel Tarte, qui fut un important personnage politique et fonda La Patrie, qui fut longtemps l’un des journaux les plus influents du Québec.
Notes pour Marguerite (Conjoint(e) 1)
- De St-Pierre de La Poterie, ar. Mortagne, év. Sées, Perche (Orne);
- 37 ans au rec. 66 et 67; 50 ans au rec. 81.
Notes Diverses
De St-Pierre de La Poterie, ar. Mortagne, év. Sées, Perche (Orne);
à 60 km d’Alencon, à 20 km de Mortagne et à 9 km de Tourouvre.
37 ans au rec. 66 et 67; 50 ans au rec. 81.
Dernière modification 20 déc 2007Créé 15 jul 2008 avec Reunion pour Macintosh